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Petit dictionnaire marseillais

Cette année, tous les projecteurs illuminent la Capitale Européenne de la Culture. Si presque tous les avions mènent à Marignane et tous les TGV à la Gare Saint Charles, encore faut-il pouvoir comprendre vos hôtes locaux… Quelques définitions essentielles avant de venir nous rendre visite.

TGV saint charles

• CAGOLE

Plus qu’une figure de la ville, voire même de la côte, c’est un emblème ! L’emploi a radicalement changé le sens de ce terme, qui désignait à l’origine une fille de petite vertu… Désormais, la cagole est incarnée par la bimbo typiquement marseillaise, avec un accent à couper au couteau, des bijoux en toc qui brillent autant que les dorures de la Bonne Mère, des mèches blondes entretenues par le soleil, de même qu’une affection particulière pour la mode clinquante et moulante. Bref, n’est pas cagole qui veut ! Ce sont bien les filles du pays, qui grandissent avec la peau dorée et des décolletés bien rembourrés. À Yves Pujol de la définir ainsi : « elle est à la femme ce que le tuning est à la voiture » !

• DÉGUN

Ce pronom, originaire du Nord d’Aubagne, signifie littéralement « personne ». Il est toujours très employé dans la région, par les anciens comme par les plus jeunes. Qui ne se souvient pas de l’introduction du tube d’IAM Je danse le MIA : « T’y es fada, je crains dégun » ? Une formule encore reprise aujourd’hui : « craindre dégun », c’est n’avoir peur de rien, de personne. On l’entend plus communément sous la forme « Y’a dégun », quand une terrasse ou une plage est trouvée déserte par exemple.

• ENGATSE

Méfiance, quand il y a « engatse », mieux vaut ne pas rester dans les parages ! S’engatser signifie s’énerver violemment, s’emporter… « Mais qu’est-ce qu’il a celui-là à s’engatser ? » dirait-on d’un énervé du klaxon (sport national ici-bas !). S’ensuit bien généralement une flopée d’injures toutes plus locales les unes que les autres… Et avec l’accent bien sûr !

• EMBOUCANER

Non, ce verbe n’implique nullement la présence d’un bouc… En revanche, il veut bel et bien dire « rendre chèvre » ! « Pourquoi tu m’emboucanes ? » est monnaie courante pour signifier « tu me prends la tête ». Or à Marseille, on aime la vie dans ses plus simples plaisirs et seuls le pastis et le soleil sont autorisés à nous cogner sur le crâne !

• FADA

 Est-il vraiment nécessaire d’expliciter le terme « fada » ? Tantôt amical, tantôt inquisiteur, un « fada » est celui qui a vu des fées, qui est habité par des forces surnaturelles… Un fou en somme. « Il est complètement fada celui-là ! » agrémente souvent les conversations, que ce soit pour désigner le baigneur imprudent qui s’éloigne du rivage un jour de mistral ou un chauffard qui s’élance à 220 km/h sur l’Autoroute entre Aix et Aubagne. Enfin, le fada peut aussi être un grand incompris… L’oeuvre magistrale du Corbusier, la Cité Radieuse, est encore surnommée la maison du fada !

• PÉGUER

Ce verbe est issu du provençal « pégo », le poix. Peu de rapport avec son étymologie dans son acception actuelle : péguer signifie coller ! « Ça pègue » entend-on régulièrement l’été lorsque le melon juteux a dégouliné et que la table du bistro a mal été nettoyée des éclaboussures de pastis de l’après-midi. L’adjectif qui en a découlé est « pégueux », mais le verbe s’est aussi décliné en « s’empéguer », qui veut dire « boire jusqu’à plus soif »… Ou « se la coller », dans un jargon plus moderne !

IAM fada dégun

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